Schéma directeur Ports Normands Associés : avis de la ville de Caen

Jean Luc Veret, conseiller municipal.

« Je me félicite de la présentation d’un projet global sur la presqu’ile. Il permet de penser l’avenir de cet espace unique qui est une chance formidable pour Caen et son agglomération.

Je veux toutefois rappeler la nécessité de penser un éco-quartier sur la Presqu’ile pour sa partie la plus urbaine.

J’aimerai aussi soumettre quelques idées de projets pour valoriser le port de Caen, lieu d’échange et outil d’une mobilité durable efficace et pertinente. Au vu de la hausse du prix du pétrole et la nécessaire baisse des émissions de gaz à effet de serre, le trafic maritime a de l’avenir. Ainsi, je propose que l’on réfléchisse développer le cabotage, nouveau mode de transport plus écologique qui peut à un niveau européen économiser des centaines de poids lourds sur les routes. Plus globalement, nous pourrions placer le port au cœur d’une étoile ferrée, en lien avec Port 2000, le projet de plate forme multimodale à Mezidon-Canon, et pourquoi pas transformation du Pont de Tancarville en pont ferrée.

A moyenne échéance, il me paraît intéressant pour l’aura de la ville, d’avoir l’ambition de créer un projet de transport transmanche à la voile. Ce projet n’est pas plus fou, qu’irréaliste dans un futur sans pétrole bon marché.

Le Port est aussi un espace original dont sa situation en cœur de ville est un indéniable atout. Ainsi, la création d’un port d’hivernage à sec serait une bonne mesure pour assurer le développement durable de la presqu’ile. Cela limite la construction d’infrastructures portuaires, l’utilisation de peinture anti-fooling toxiques et prolonge la durée de vie des bateaux. Je propose aussi que la vile agisse pour que le bateau l’Alcione reste dans le Bassin Saint pierre à Caen et pourquoi qu’il choisisse notre ville comme port d’attache. Cela permettrait peut-être d’avoir, quand elle sera rénovée la célèbre Calypso. Il serait intéressant de permettre aux touristes de monter en bateau jusqu’au Bassin Saint-Pierre. La présence du bassin en plein Centre-Ville serait ainsi touristiquement valorisée. L’utilisation sportive est aussi à développer à travers les sports nautiques et de glisse non motorisés, peu dangereux et respectueux de l’environnement. Enfin, en aval, nous pouvons penser la création d’un parking relais pour délester le centre-ville, les automobilistes le rejoignant en navette fluviale…

Francis Joly, président du groupe des élus Verts

« Je veux insister sur l’importance du développement de notre port pour le territoire caennais et bas-Normand. La proposition de Schéma Directeur de Ports Normands Associés (PNA) porte les évolutions à long terme du port et de la presqu’ile. C’est une excellente chose. Le développement des ports est un véritable enjeu développement durable pour le transport de marchandise et de passagers. Mais les élus Verts tiennent cependant à rappeler leur inquiétude tout d’abord sur les productions acheminées vers l port de Caen : bois exotique notamment.

Je tiens aussi à rappeler notre opposition au projet anachronique de Terminal Charbonnier qui se construit dans un autre port, celui de Cherbourg, géré aussi par PNA. Ce projet est d’autant plus malheureux qu’il se construit à un mois du sommet de Copenhague.

A Caen, pas de terminal charbonnier. Mais il y a tout de même un sujet sur lequel j’aimerai exprimer notre plus vives réserves : dans l’avis que le CM est appelle à voté il est demandé la réalisation «dans les plus brefs délais de la Liaison Inter-Quartier Nord ».

Si les Verts sont conscients de la nécessité de penser la desserte et l’accessibilité du port, car cet équipement doit être accessible pour être compétitif, le projet de Liaison Inter-Quartier Nord apparaît clairement comme surdimensionné et couteux et, paradoxalement déjà dépassé et infinancable.

Il est dommage que le Schéma Directeur de PNA serve d’effet d’aubaine pour relancer ce feuilleton vieux de plusieurs décennies, et qui, nous en doutons de moins en moins, se conclura par l’abandon de ce projet.

C’est une fois de plus faire le choix d’orienter des finances publiques qui se raréfient vers des projets que le contexte pousse à limiter quand il faut enfin investir dans une mobilité durable, seule à même de garantir la solidarité et l’efficacité économique.

L’argent mis dans la route est de l’argent qui n’est pas mis dans le rail, le transport en commun, ou les autres leviers d’action pour la mobilité.

Pour la compétitivité du port à long terme, pour lutter contre l’étalement urbain et pour assurer un droit à la mobilité pour tous, il me semble que nous avons le devoir d’imaginer d’autres pistes comme le rail par exemple.

Nous avons en effet maintenu la desserte ferroviaire du port (Caen-Blainville), il est peut-être temps de la développer et l’allonger jusqu’à Ouistreham.

Le développement d’une desserte ferroviaire au plus près du transbordement permet de réduire au maximum le recours au trafic routier. La localisation du port au cœur d’une chaine de transport innovante est un atout formidable pour la compétivité de celui-ci.

Nous avons la chance de pouvoir compter sur le projet de plate forme multimodale de Mézidon-Canon. L’utilisation de ce nœud ferroviaire permet d’élargir par continuité modale l’Hinterland du port de Caen dans tout l’Ouest de la France, desservant les Pays -de-la-Loire ou la région Centre.

Ce projet lie l’efficacité économique de court terme et la prise en compte des enjeux que nous aurons de toute façon à assumer. Car, ce sont les solutions durables et innovantes qui développent le territoire. Caen doit penser le niveau de modernité que nous impose le contexte économique et écologique. Il est donc impossible pour les élus Verts de voter pour la construction d’un nouvel aménagement routier.

Les élus Verts de Caen ont donc décidés de s’abstenir, sans aucune gaité de cœur. Il n’est plus possible de contribuer à la posture routière qui fait de la construction de route une évidente logique