Vote du budget : Interventions de Françis Joly au Conseil Municipal du 29 mars 2010.
Intervention de Françis Joly, président du groupe des élus Verts
« Je ne vais pas faire durer le suspens, nous voterons ce budget, et ce, dès ce soir. Nous le votons car ce budget est le premier vrai budget politique de notre mandat, celui qui applique le plan de mandat voté par les caennais…
Nous assumons l’aspect politique et la profonde différence avec ceux de l’ancienne majorité qui se contentait d’une paisible gestion de père de famille. Nous assumons de passer de la logique libérale gestionnaire à une logique de projet. Un petit mot sur le contexte de budget, qui est un budget de crises.
A propos de la crise économique, j’aimerai rappeler qu’elle n’est pas terminée pour les habitants, d’ailleurs se terminera t’elle un jour ? J’ai grandi avec un monde en crise, elle ne m’a jamais quitté. Peut-être nous faudra t’il apprendre à vivre avec… Globalement, la situation de l’économie et de l’emploi ne semble pas s’améliorer malgré les incantations, sans doute magiques mais insignifiantes, du président de la république. Car, que les chiffres du PIB, PNB, CAC40, etc soient bons ou moins pire, ce qui importe c’est le contexte vécu par habitants de la ville composé des difficultés individuelles qui vont être d’autant plus dures dans un contexte de crises collectives.
La deuxième crise, celle des ressources. impacte lourdement budget et les recettes de notre territoire s’en ressentent. La réponse pourrait être un relèvement du niveau d’impôt. Mais face à l’aggravation de la condition des ménages, cela sera reporté. Cela montre que l’impôt n’est pas une punition idéologique infligée par les socialo-écolo-communistes mais bel et bien un outil politique de gestion de la ville, utilisé quand il est utile. Je me félicite aussi de la mise en œuvre de l’abattement de 5% qui permettra le surplus de justice sociale dont cette ville a besoin. Cette crise de ressource nous oblige à nous recentrer sur les grandes priorités de la ville et le bien-être des habitants dans leur vie quotidienne. Le quotidien, c’est -et ce sera- malheureusement la crise écologique, crise de notre milieu de vie et des ressources tirées de notre planète et bien sûr crise climatique. Cela sera fortement ressenti, notamment sur les conditions de vie. Au-delà du seul changement climatique, il existe une réelle perception de la dégradation des conditions d’existence d’un grand nombre de concitoyens : pollutions, alimentation, santé etc.
Revenons au budget : si nous allons le voter, cela ne sera pas sans réserve :
Première réserve : le projet SPIRAL 2 sur lequel nous sommes très réservés. Déjà parce qu’il est extrêmement couteux : 660.000 euros cette année, 2 millions et qui devrait s’enchérir de 790.000 euros à la fin de ce conseil. Dans ce rapport, ce point est si peu présenté que chaque mot coute 20.000 euros. Nous sommes aussi réservés parce qu’il s’agit de la seule politique de recherche menée par la ville. Que la ville s’intéresse à cette question, très bien (ce n’est pas sa compétence) mais je souhaiterai que se crée un débat sur cette question notamment pour aller à la recherche d’un équilibre avec d’autres disciplines, notamment les Sciences Humaines et Sociales. Je tiens aussi à rappeler que le cout de Spiral 2 pour la ville c’est l’équivalent de 50 bourses de thèses…
Deuxième réserve : le budget Voirie qui est encore très élevé – 1,2 million d’euros -. Je pose la question des travaux de voirie engagés en dehors de la restructuration des travaux de réseau d’eau.
Troisième réserve : le TGV, je pense, au vu des enjeux de mobilité qu’il serait plus judicieux d’investir sur le train régional ou de proximité répondant aux trajets domicile-travail, études-travail…que sur une éventuelle Ligne à Grande Vitesse dont la réalisation reste couteuse et éloignée dans le temps.
Quatrième réserve à propos des illuminations de Noël et la patinoire, parce qu’il existe ici encore des marges d’économies possibles.
Cinquième réserve, il manque la perspective d’avoir un vrai budget Santé-Environement. Pourtant, l’enjeu est crucial, et bien sûr vital. Il s’agit de faire de la ville un lieu qui soigne et qui protège plutôt qu’un lieu qui empoissonne comme cela l’est aujourd’hui de part les pollutions diverses (eau, air, particules, bruits, ondes…).
Mais il y a de nombreux points positifs, très positifs même.
Ce que fait la ville, c’est un budget à hauteur de la crise :
Il est important d’avoir intégré dans le budget la question de l’emploi au-delà de l’objectif d’une attractivité qui n’est, je tiens à le rappeler, qu’un moyen, et non le but. Si la ville n’a pas de compétence directe en la matière, Caen peut mettre en place les conditions de création de richesses et d’activités sur son territoire. Cela permet d’affirmer directement la finalité de ce que nous faisons dans le chapitre « attractivité et développement économique ».
La ville apporte sa part de réponse à la crise écologique. Vous le savez, en France, les collectivités sont responsables de deux tiers des investissements et peuvent agir sur la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Ce pouvoir incombe une grande responsabilité. Caen y prend sa part. Il est spécialement important de structurer ses actions et de ne pas se contenter d’agir sous le coup de l’émotion : certains s’intéressent aux x kg de Co2 émis pour aller représenter la ville au sommet de Copenhague, nous nous intéresserons, nous, aux milliers de tonnes de CO2 émis par le logement, les bâtiments, les voiture dans notre territoire. Ici, il y a des amorces de réponses structurantes : diagnostic énergétique sur le bâti communal, plan lumière, précarité énergétique, réseau de chaleur, photovoltaïque, révision agenda 21, covoiturage, autopartage… J’arrête cet inventaire à la pré-vert, sans jeu de mot…
L’autre enjeu est bien sûr de construire la ville durable pour le siècle. Il s’agit ni plus ni moins de reconstruire Caen et d’ouvrir le plus grand chantier de reconstruction depuis 1963, la fin de la Reconstruction de la ville après la Seconde Guerre Mondiale. L’objectif est clair : enrayer l’hémorragie qui fait que Caen se vide de sa substance : les habitants. C’est tout de même pour eux que nous faisons de la politique, si ils s’en vont c’est le pire constat d’échec. Ainsi, la politique de Logement est (enfin) ambitieuse : SPLA, aides à la réalisation de logements sociaux, réhabilitation de logements privés et sociaux, APUC, maintenance GIVC,
Construire des logements est une chose, penser la mixité des populations fonctions est important. Le renouvellement urbain c’est aussi de la fabrication de la ville.
Caen se doit de rattraper les standards urbain de la modernité. Les cités de l’Ouest se sont toutes métamorphosées en améliorant la qualité de vie, nous devons, à notre tour mettre à jour l’environnement urbain pour conforter le plaisir de vivre en ville aujourd’hui. Les projets de redynamisation du centre-ville : rues de Strasbourg puis Place Saint-Sauveur piétonne y contribuent.
En conclusion
L’ambition que nous posons sera mise en route avec les moyens que nous avons. Ces moyens sont financiers : c’est le budget que nous évoquons mais ces moyens sont aussi humains : ce sont les agents de la ville à qui nous donnons depuis deux ans beaucoup de travail. Nous leur demandons beaucoup, j’aimerais qu’ils soient associés à ce document car ce sont eux aussi les artisans de la concrétisation de notre projet politique.