Chers collègues,

Nous sommes donc amenés ce soir à rendre un avis sur le schéma départemental de coopération intercommunale.

Doit-on revenir ici sur les conditions désastreuses dans lesquelles se sont déroulées les opérations de négociation sur la nouvelle carte intercommunale dans notre département ? De réunions de CDCI non officielles à un Préfet soumis aux pressions de la droite départementale en premier lieu desquels le Président du Conseil Général fraichement élu à une absence de débat approfondi entre nos collectivités et en direction de nos citoyens, voilà un cocktail qui devait nous conduire au seul résultat possible : celui d’une application de la réforme a minima, reléguant le Calvados à l’un des départements plus archaïques de France en matière d’intercommunalité.

C’est aussi, faut-il le préciser la volonté du nouveau président du CG d’affaiblir Caen la Mer : sa frilosité face au renforcement de l’intercommunalité est sans doute du au fait qu’il est plus facile ainsi de régner sur un territoire divisé mais aussi de travailler à l’affaiblissement de la gauche caennaise. Cette vision, pour le moins passéiste revient à privilégier encore une fois l’émiettement communal au renforcement de l’intercommunalité perçu comme une menace.

Le gouvernement, qui, vous vous en souvenez avait annoncé pour justifier la réforme territoriale son intention de mettre de « l’ordre dans tout ça » dénonçant la complexité d’un millefeuille institutionnel illisible pour le citoyen.

Le citoyen.

C’est bien lui qui aura été le grand absent de ces débats et on ne peut que lui souhaiter que du courage pour s’y retrouver dans l’application de cette réforme : négociations de couloirs, huis clos, dîners discrets pour mieux détricoter les projets, nous avons ici affaire à un torpillage en règle dont il convient de dire que personne ne sortira grandi.

Ce volet de l’intercommunalité dans la réforme territoriale était pourtant bien le seul qui constituait un progrès dans la nécessaire évolution de notre organisation territoriale. C’est donc pour le département et l’agglomération, un rendez-vous manqué.

Il faut le dire, la droite départementale aura particulièrement bien manœuvré et ce pour des raisons qui tiennent bien plus à la conservation des pouvoirs qu’elle détient qu’à une réflexion sur l’avenir des territoires et l’intérêt général. Ce comportement salit la classe politique alors que cette réforme était supposée, d’après le gouvernement la réhabiliter. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que la droite continue à soutenir l’autre volet de cette réforme, celui de la création du conseiller territorial. Avec cette réforme électorale qui donne la part belle à la cantonalisation, la droite retrouve des perspectives de reconquête des conseils régionaux non sans s’être allégrement essuyé les pieds sur la parité homme/femme au passage.

Ce débat, dans le Calvados, les écologistes auront eu la possibilité d’y participer par voie de communiqué de presse ayant très vite été écartés de la CDCI. Et pour continuer à l’alimenter, j’en arrive donc au projet d’avis qui nous est soumis ce soir car nous en partageons l’essentiel des attendus et des conclusions. Il nous paraît cependant utile d’exprimer notre regret d’avoir à défendre une vision de l’intercommunalité qui se réduiraient à l’addition mécanique de projets structurants. Cette seule approche générée par le manque de temps est d’ailleurs susceptible d’entrainer une véritable confusion entre ce qui relèverait de notre volonté de travailler à l’amélioration du quotidien des habitants et une certaine forme de marketing politique qui ferait raisonner entre eux plusieurs mots-clé, dont l’attractivité et la compétition des territoires.

Ce message, c’est celui d’une ambition partagée au service de tous et pas seulement d’une minorité et c’est celui qui doit être au cœur de notre réflexion sur l’intercommunalité afin que les citoyens puissent enfin se l’approprier comme échelon pertinent pour leur vie quotidienne.