Conseil Municipal de Caen du 27 juin 2011 les écologistes demandent l’arrêt de centrales nucléaires et du chantier EPR.

Par le voeu déposé au Conseil Municipal de Caen, les élus écologistes demandent au Préfet de lui présenter toutes les mesures prises pour limiter les impacts d’une catastrophe nucléaire sur le territoire de Caen et réitère sa demande, formulée une première fois le 19 janvier 2009, d’être informé des passages de train de déchets nucléaires sur son territoire, demandent la suspension du chantier EPR de Flammanville, et demande le soutien de la ville à la demande d’arrêt des centrales nucléaires françaises d’ici 2040.

Le 11 mars dernier, un accident nucléaire survenait au sein de la centrale nucléaire de Fukushima Daïchi au Japon. Nous le savons, cette catastrophe est reconnue comme étant d’une ampleur au moins équivalente à celle de Tchernobyl survenue il y a tout juste 25 ans.

Aujourd’hui encore, les réacteurs de la centrale de Fukushima Daïchi ne sont pas stabilisés. L’exploitant TEPCO affirme à ce stade qu’il faudra de longs mois pour pour refroidir définitivement les réacteurs et plus de 30 ans pour démanteler entièrement le site nucléaire.

Pour des centaines de milliers de Japonais, les conséquences concrètes sont déjà présentes : des taux de radioactivité particulièrement importants sont relevés en mer à plus de 20 kilomètres de la côte dévastée par le Tsunami. Des produits agricoles sont interdits à la consommation et il est déconseillé de consommer l’eau du robinet dans certaines villes de la région. Plus grave encore, une région entière de plus de 20 km2 est désormais interdite. Dans cette zone, de taille équivalente au Pays d’Auge, le retour à la vie est, nous le savons, impossible et pour longtemps.

La facture est aussi économique : le tourisme s’effondre, le manque d’énergie commence à se faire sentir et les exportations ralentissent. Le coût de la seule catastrophe nucléaire atteint des sommets : il est évoqué 100 milliards d’euros de facture ! 8 milliards de démantèlement, 9 milliards pour produire l’électricité ailleurs que dans les centrales endommagées, 3 milliards de pertes déjà enregistrées par TEPCO ; les premières estimations des indemnisations sont évaluées à plus de 90 milliards ! C’est en effet plus de 100 000 habitants qu’il faut reloger, des pêcheurs et des agriculteurs qui ne pourront plus vivre de leur activité.

Cette triste actualité a relancé partout dans le monde le débat sur le recours à l’électricité d’origine nucléaire. Dans la foulée de ces événements, des pays comme l’Allemagne ou la Suisse ont annoncé leur intention réviser leurs politiques énergétiques. A l’occasion d’un récent référendum, le peuple italien a très largement refusé le programme de relance du nucléaire proposé par son gouvernement.

Après Fukushima, nous sommes appelés, nous aussi, à réinterroger le choix déjà ancien du recours à l’énergie nucléaire dans notre pays. Il nous faut déterminer collectivement si les bénéfices de l’énergie nucléaire rendent acceptable les risques encourus.

La sécurité des populations est une des premières responsabilités des autorités publiques tant nationales que locales. La commune doit se soucier des risques issus des installations nucléaires et permettre aux habitants de disposer de l’ensemble des informations sur les risques qu’ils encourent. C’est loin d’être le cas. Pour mémoire, la demande de notre Conseil Municipal d’une mise à disposition des informations concernant la circulation des convois de déchets radioactifs en gare de Caen est restée lettre morte depuis le 19 janvier 2009.

En France, la relance du nucléaire passe par notre région, déjà parmi les plus nucléarisées au monde. Le chantier de l’EPR, actuellement en cours à Flamanville dans la Manche, annoncé pour un coût initial de 3 milliards d’euros devrait in fine s’élever à près de 6 milliards ! La poursuite annoncée de ce chantier, malgré les déclarations du président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire qui jugeait, le 30 mars, pertinente l’idée d’un moratoire, ferme la porte à tout débat démocratique. Fondamentalement les politiques énergétiques (distribution, accès, production, coût) doivent s’appuyer sur des décisions partagées.

A ce titre, nous souhaitons réaffirmer notre attachement à un véritable service public de l’énergie car nous croyons qu’il est le seul armé pour répondre à un double défi : nécessité, d’une part, de réduire progressivement la part du nucléaire dans le bouquet énergétique et exigence, d’autre part, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques.

Les collectivités locales ont un rôle central à jouer dans la nécessaire transition énergétique de notre pays. C’est d’ailleurs le sens de la convention des Maires signée l’an dernier visant à dépasser les objectifs de l’Union Européenne en matière d’économies d’énergie, de production d’énergies renouvelables et de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020. Nous pensons, dans le contexte de la catastrophe de Fukushima, qu’il faut aller encore plus loin en inscrivant officiellement la ville de Caen dans le mouvement des villes en transition dont l’objectif est de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles tout en assurant notre autonomie au plan énergétique.

Ce scénario est le scénario du XXIème siècle. Il regorge d’espoirs. Il permet tout à la fois d’imaginer la création de nouveaux emplois durables et non délocalisables sur notre territoire tout en assurant une plus grande fiabilité de l’approvisionnement énergétique. Il permet de réduire la facture énergétique des plus modestes aujourd’hui durement touchés par l’augmentation des coûts de l’énergie tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance aux énergies fossiles.

Pour l’ensemble de ces motifs, le Conseil Municipal de la ville de Caen réuni le lundi 27 juin 2011 :

Ainsi,

Considérant son engagement dans la Convention des Maires pour une énergie locale durable du 04 mai 2010 ;

Considérant son rôle dans la lutte contre le changement climatique réaffirmé dans son Agenda 21, et dans le vote à l’unanimité du vœu relatif à l’appel « ultimatum climatique » du 19 octobre 2009 ;

Considérant les effets des installations nucléaires sur les milieux naturels et les impacts qui ne peuvent être négligées sur les populations locales que la ville a le devoir de protéger et de secourir ;

Considérant que la ville s’engage dans des actions de promotion de l’efficacité énergétique ;

Le Conseil Municipal de la ville de Caen, réuni le lundi 27 juin 2011

– Demande que toutes les conclusions puissent être tirées localement, en matière de sureté nucléaire, de la catastrophe de Fukushima.

– Demande au Préfet de lui présenter toutes les mesures prises pour limiter les impacts d’une catastrophe nucléaire sur le territoire de Caen et réitère sa demande, formulée une première fois le 19 janvier 2009, d’être informé des passages de train de déchets nucléaires sur son territoire.

– Soutient la demande de suspension du chantier EPR de Flammanville (Manche).

– Soutient la demande d’arrêt des centrales nucléaires françaises d’ici 2040.

– Demande au gouvernement de revenir sur les récentes décisions en matière d’énergie photovoltaïque et demande de développer enfin durablement un plan de développement des filières de production d’énergies renouvelable et de maitrise de l’énergie.

– S’engage à préparer avec ses moyens et ses compétences, sur son territoire la transition énergétique facilitant tout à la fois l’abandon du recours à l’énergie nucléaire, la limitation de la dépendance aux énergies fossiles et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

2 commentaires pour “Conseil Municipal de Caen du 27 juin 2011 les écologistes demandent l’arrêt de centrales nucléaires et du chantier EPR.”

  1. […] Les lignes du débat ont bougées. Cela s’est traduit au Conseil Municipal de Caen : si le voeu porté par les élus EELV demandant l’arrêt du chantier de l’EPR a été repoussé, la […]

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