Chers collègues,
Je suis très heureuse de vous présenter ce soir ce programme d’orientations en matière d’économie sociale et solidaire et un plan d’actions triennal qui sera notre feuille de route dès le début de l’année 2013, car cette délibération vient compléter un ensemble d’évènements récents, riches de projets pour notre territoire: mois de l’économie sociale et solidaire, remise des prix de l’appel à projets : « Cap vers l’ESS », journée régionale très vivante et importante sur l’enjeu que représente notre obligation de réduire les inégalités sociales, comme enjeu du développement durable,(1800 personnes y ont participé le mercredi 5 décembre) , et le 6 décembre une journée de sensibilisation et d’étude sur les Poles Territoriaux de Coopération Economique qui a réuni une centaine de personnes  au conseil régional, posant comme centrale pour le développement de nos territoires la coopération et non la concurrence.

Je ne vais pas ce soir vous présenter l’ESS ni même la définir, mais plutôt vous dire ce qui a conduit Caen la Mer, la commission du développement économique et ses services, à proposer ces orientations et ce programme, comment nous l’avons construit avec quels acteurs et comment il sera piloté.

L’intérêt pour l’ESS dans le cadre de la commission ,est parti de la sollicitation de porteurs de projets, d’entrepreneurs qui soit depuis plusieurs années soit plus récemment, ont construit des entreprises fussent-elles associatives dans la filière du recyclage: du pain, des textiles des déchets électriques et électroniques ou de nos déchets ménagers. Avec ces réalisations , ils posent deux questions majeures et apportent des réponses tant au regard de notre territoire que du devenir de notre planète: Il n’est plus possible de continuer de gaspiller autant de ressources naturelles pour satisfaire des besoins qui méritent d’être questionnés, il n’est pas possible aussi de gaspiller autant de ressources humaines, l’inactivité d’un nombre de plus en plus grand de personnes qui se sentent inutiles au monde . Aussi ils se lancent dans des projets qui innovent tant sur un plan technologique  que social en créant des emplois , en favorisant des parcours d’insertion professionnelle souvent inédits et en inventant des modes de gouvernance respectueux des personnes.
Ces entreprises solidaires, leurs responsables ont sollicité Caen la mer, soit au démarrage ou pour les aider dans la recherche de locaux adaptés à leur activité ou pour pouvoir répondre aux possibilités offertes dans le cadre de la commande publique .

Parallèlement, le groupe emploi créé au sein de la commission développement économique, en cherchant à définir  et construire sa politique de soutien à l’emploi, a rencontré les acteurs de l’ESS du territoire en tant que structures insérantes créatrices de nouveaux emplois dans des champs très variés: les services aux personnes,le maraîchage, le commerce, les circuits courts, les services aux personnes, le tourisme, la culture, la mobilité, le recyclage, la restauration etc…
Ce que mettent en évidence ces porteurs ce sont aussi les attentes et aspirations des citoyens , des usagers, des consommateurs, des producteurs qui résistent aux tendances mortifères qui pèsent sur l’environnement leur santé, notre planète et les générations futures le tout dans un contexte croissant des inégalités.
Pour cette raison, ils s’affranchissent de l’Hyperconsumérisme, promeuvent des services et des échanges de qualité susceptibles d’être accessibles au plus grand nombre réinventant des coopératives de consommateurs d’habitants, organisant des colocations intergénérationnelles, des groupements d’achats, créant une monnaie solidaire ou des échanges réciproques, mettant en évidence que les liens sont aussi importants que les biens créés dès lors qu’il contribuent à satisfaire les besoins fondamentaux au premier rang desquels une alimentation saine et de qualité.
Toutefois, ces acteurs ne prétendent pas être ceux qui vont nous sortir de la crise, leur ambition est à la fois plus modeste et plus riche à court et long terme: ils contribuent à dessiner les voies de mutations , et de changement de modèles de développement; ce sont des questions qui doivent être mises en débat avec tous les acteurs y compris bien sûr dans le travail réalisé par le groupe piloté par Daniel Françoise dans le cadre de l’étude stratégique sur le modèle économique de Caen la mer.

En relocalisant l’économie, en veillant à une utilisation plus économe des ressources en considérant qu’il n’est pas acceptable de laisser autant de personnes sur le bord du chemin , ces acteurs portent un projet politique de développement.Cette posture des acteurs de l’ESS: ancrage territorial-relocalisation de l’économie, recherche d’une indépendance en termes d’énergie, d’alimentation ,n’est pas un repli sur soi, bien au contraire; c’est une invitation à penser un développement territorial basé sur l’autonomie et la coopération , coopération au niveau du trritoire mais aussi coopération et non concurrence avec les autres territoires y compris les territoires éloignés du nôtre en grande difficultés de développement.

Du côté de notre collectivité, Caen la Mer, notre projet a été construit autour de trois objectifs: ambition, solidarité et écoreponsabilité. Nous avions énoncé dans son objectif stratégique, la volonté de favoriser le développement de l’économie résidentielle en proposant un plan d’actions pour développer l’ESS: Nous  y sommes.
Comment ce plan a t il été construit ?
De nombreuses réunions avec les acteurs depuis le mois de mai qui ont porté sur les valeurs, les principes , les projets. Comment s’entendre sur les finalités, l’utilité sociale, l’intérêt général, l’importance de se donner une culture commune. Tout le monde  ( soit plus de 20 structures et réseaux d’acteurs concertés), s’est accordé sur le fait qu’il ne s’agit pas de développer une économie de la réparation, à part, mais qu’il s’agit d’une économie réelle nécessaire pour accompagner nos sociétés en transition et dialoguer avec tous les acteurs du développement économique.

— Présentation des fiches action (voir ici)

J’ai présenté les fiches action de notre programme triennal en mettant en évidence que la démarche de co-contruction serait le moteur de la mise en oeuvre et qu’il nous fallait poursuivre le débat sur la culture commune et le travail sur les priorités et surtout la mise en oeuvre d’une démarche transversale entre les services et avec les autres collectivités, communes, départements et région ainsi qu’avec les services déconcentrés de l’Etat qui depuis que l’on a un ministre à l’ESS devraient jouer un rôle plus important. Le budget a été présenté,  il  a été construit sur la base du redéploiement de moyens au sein du développement économique, il est modeste mais en s’articulant avec les autres acteurs, il peut permettre d’impulser quelque chose d’important.

Un mot de conclusion:
Ma présentation de délibération n’est sans doute pas très orthodoxe,  mais mon objectif ce soir était de renvoyer un message d’espoir dans les capacités collectives qu’ont les hommes et les femmes à construire un monde plus juste, plus solidaire , plus convivial.
Les porteurs , acteurs de l’ESs rencontrés, malgré leurs difficultés , les « galères » qu’ils vivent parfois témoignent de ces capacités. La plupart sont jeunes, ont le sens de l’humour sont de  milieux et de niveaux socio culturels très différents, ils contribuent à réenchanter le monde et permettent de ne pas sombrer dans un pessimisme paralysant ou dans l’impuissance surtout dans le domaine de l’économie.
Mon dernier voeu, je l’emprunterai à Patrick Viveret, philosophe, qui depuis des années nous invitent à « reconsidérer la richesse »; il nous invite pour réussir les mutations de nos sociétés à faire un rêve qu’il décline ainsi:
R, comme Résistance créatrice, E,comme Expérimentation anticipatrice, V,comme Vision transformatrice et E, comme Evaluation démocratique.
Ce soir je fais le rêve que notre agglomération avec tous ses habitants se saisisse pleinement des orientations que nous vous avons présentées qui je l’espère contribueront à réenchanter notre territoire