Transports : la vérité technologique n’existe pas
Tribune de Rudy L’Orphelin
Le match qui semble opposer certains élu(e)s de l’agglomération sur le choix que nous venons d’entériner à Viacités d’équiper en Tramway Fer la seconde ligne de Transports en Commun en site Propre (TCSP) ne reflète pas, loin s’en faut, la réalité des échanges de ces trois derniers années autour de nos projets en matière de mobilité.
Nous refusons de laisser s’installer l’idée que le Bus à Haut Niveau de Service ne pourrait avoir de pertinence sur notre territoire.
Notre seule certitude en la matière est qu’il faut sortir du TVR, ce matériel expérimental qui accumule de plus en plus de pannes rouges dont les conséquences deviennent insupportables pour les usagers contraints à l’entassement quand ils ne sont pas tenus d’attendre le passage de la rame suivante.
Tram Fer ou Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), qui a raison ou tort ? Qui l’a dit le premier ? Là n’est réellement pas la question.
Entre ceux qui dans le passé, comme Sylvie Morin-Mouchenotte proposait comme présidente du syndicat de Transports un Bus à Haut de niveau de service et parle aujourd’hui d’évidence technologique à propos du Tram Fer, ceux qui comme Rodolphe Thomas déclarent avoir toujours défendu le Tram Fer en oubliant un peu vite avoir fait quelques déclarations pour proposer un autre modèle de Tramway sur pneus (Translohr) et ceux qui, à l’image de nombreux élus de l’agglomération, semblent avoir déjà refoulé l’idée qu’ils vantaient il y a quelques temps les mérites du Bus à Haut Niveau de Service, je ne vois qu’une seule chose : c’est la petite phrase qui domine là les citoyens méritent un véritable débat sur nos déplacements dans les décennies à venir.
Nous ne serons donc pas du réquisitoire contre le Bus à Haut Niveau de Service qui aurait pu avoir toute sa pertinence sur le 2nde ligne et qui pourrait tout à fait être adapté demain à ligne 3 vers Mondeville ou encore la ligne 4 vers Colombelles.
Le choix du Tram Fer pour la ligne 2, c’est pour les élu-e-s écologistes le résultat d’une réflexion qui se fonde prioritairement sur les deux questions suivantes :
1) A quelle horizon sommes-nous en capacité de retrouver des capacités d’investissement pour financer de nouveaux projets de TCSP ?
2) Sommes-nous en mesure de maintenir et d’améliorer le réseau de bus existant et d’élargir l’offre de mobilité aux modes doux (Vélo, Marche à pied) et aux usages rationnels de la voiture (covoiturage, autopartage…) ?
Si nous avions choisi le BHNS, il aurait fallu attendre 2026 pour retrouver des capacités d’investissement quand il faudra attendre 2028 avec le Tramway Fer soit une quasi équivalence quand on parle de tels projets. Par ailleurs, l’engagement associé, au travers notamment du PDU, de rendre plus performant notre réseau de bus (normes de stationnement, densification, traitement des points noirs…) a constitué un élément de sécurisation supplémentaire.
Ce n’est qu’une fois ces points précisés que nous nous avons pu regarder les avantages et les inconvénients qu’offrent les deux modes ; On pourra notamment évoquer la durée de vie du matériel, les émissions de polluants ou encore la capacité qui donnent à chaque fois l’avantage au Tramway Fer.
Mais avec des capacités financières insuffisantes et sans les économies d’échelle rendues possibles par la transformation de la ligne 1 en tramway Fer concomitamment la réalisation de la ligne 2, nous n’aurions pas hésiter une seule seconde à privilégier le Bus à Haut Niveau de Service, ce que nous étions par ailleurs sur le point de faire il y a un peu plus d’un an.
La vérité technologique n’existe pas plus en matière de Transports en Commun qu’en matière de Transports individuels quand certains voudraient nous imposer la voiture électrique comme seul salut à la crise énergétique et climatique.
Celles et ceux qui ne parlent que de technologie ne nous parlent pas de mobilité. Ils veulent un Tramway Fer comme on veut un TGV. Dans notre agglomération, la plus étalée de France, où la voiture particulière domine très largement, nous savons pourtant que nous allons au devant d’importants drames sociaux en plus d’aggraver notre contribution au changement climatique.
Le Plan de Déplacements Urbains se veut être une première pierre à l’édifice d’une mobilité réinventée sur l’agglomération. Nos objectifs de réduction des déplacements en voiture sont associés à des normes précises en matière de stationnement et de densification autour des axes de transports en commun. Les modes actifs occupent une place centrale et le document prévoit certaines innovations (Un téléphérique plutôt qu’une route pour la presqu’île, des voies bus/covoiturage sur la RD7). Nous vous invitons à en prendre connaissance en vue l’enquête publique qui sera ouverte le 22 avril.