CHU : reconstruire au-delà de la tour.


A la rentrée, les annonces de la Ministre de la Santé sur une éventuelle mutualisation médicale avec Rouen ont une fois de plus agité le débat au sujet de la reconstruction du CHU de Caen.

La tour principale du CHU construite en 1973, amiantée et structurellement inadaptée au service public hospitalier, est vouée à être démolie, le coût de sa réhabilitation étant estimé trop élevé. Si la reconstruction, et donc la démolition, paraît être l’unique solution, il est toutefois nécessaire de prendre du recul par rapport au seul objet de la reconstruction.

Aujourd’hui en effet, la question du bâtiment a pris la place de celle de la santé dans le débat public. Un CHU est un outil de santé au service d’une population, et non la marque d’un « rang » d’une ville ou l’objet de joutes politiques.

Capitale régionale, qui accueille notamment une faculté de médecine, Caen a besoin d’un CHU, mais le débat trop centré sur la question du seul bâtiment ne dit rien du projet de santé, des conditions de travail du personnel, de l’accueil du public ou de la diffusion sur le territoire d’actions de prévention, etc.

Or, il y a la place pour un débat sur la santé en France et dans notre ville alors que trop souvent, à ce sujet, la controverse ne semble pas permise. Savoir comment, qui, et pourquoi soigner ne sont pas des questions anodines. Quand nous observons l’expansion des maladies chroniques et leurs liens avec les modes de vie et l’environnement, il est temps de requestionner notre système de santé.

Le service public de la santé doit évoluer pour compléter les politiques de soin par la prévention, l’éducation pour la santé, la résorption et la limitation des causes environnementales des maladies. La ville de Caen, dans le travail qu’elle initie avec les institutions et associations œuvrant dans ce champ promeut cette orientation.

Enfin, à Caen comme ailleurs il faut réformer l’organisation du système de santé en mettant fin à la concurrence entre le public et le privé, concurrence inutile mais surtout déloyale, les pathologies longues et les complications allant au public et les plus lucratives au privé.

Il y a ainsi plus qu’un bâtiment à reconstruire mais un projet territorial de santé à construire, en lien avec les personnels, les usagers et les citoyens.

Laissez un commentaire

Remonter