Le camping municipal de Caen a fermé depuis plus de 10 ans. Pourtant ce type hébergement serait utile à notre ville pour définir une politique de tourisme durable.

1. Compléter la palette d’offre hôtelière pour attirer et retenir les touristes.

1.1 Contexte

Nous le savons, Caen-La-Mer bénéfice d’atouts considérables pour développer le tourisme et en faire un secteur économique porteur. Dans une période de difficultés économiques, il est crucial de savoir utiliser tous les atouts du territoire.

Or, le paradoxe est connu : dotée d’un patrimoine historique riche et bénéficiant de paysages uniques, notre agglomération peine à se considérer comme une destination touristique majeure. Ce sont nos voisins d’autres régions qui « vendent » parfois mieux que nous-mêmes notre territoire ! Il est alors logiquement plus difficile d’en développer les potentialités.

Nous avons donc à nous approprier cet enjeu par tous les biais possibles.

Le département du Calvados accueille plus de 22,5 millions de nuitées par an, et se situe dans le premier quart des départements touristiques. 9ème destination française pour les courts séjours, le Chiffre d’affaire du tourisme représente le tiers de la richesse crée dans notre région ! Malheureusement la très grande majorité des touristes se dirigent vers le pays d’Auge et la côte Fleurie, correspondants à l’image type de la Normandie. L’enjeu est donc que l’agglomération caennaise réussisse à « capter » une partie de ses flux touristiques. Il y a donc un travail à mener sur le fond pour développer les attraits. Il y a aussi un travail à mener sur la qualité d’accueil.

1.2 Constats des handicaps pour l’accueil touristique

Caen-la-Mer a plusieurs handicaps touristiques dont l’absence ou la quasi absence : – d’hébergement haut de gamme – d’une aire d’accueil de camping car – d’une aire d’accueil de bus de tourisme – d’un centre international de séjour – d’un camping à proximité de la gare ferroviaire et routière de Caen.

1.3 Pourquoi un camping ?

La palette d’hébergement doit être la plus complète possible afin de rendre notre territoire attractif. Or, sur les 132 terrains de camping recensés dans le Calvados, seuls 2 (Ranville et Benouville) sont dans notre agglomération ! L’étude réalisée il y a quelques mois montre de plus leur insatisfaisante répartition géographique.

Tout d’abord, soyons conscient que l’image du camping a changé. Nous assistons aujourd’hui à la recherche d’un retour à la simplicité de l’hébergement qui touche tout type de famille. L’hébergement de plein air a profondément changé même s’il permet toujours aux jeunes, aux étudiants et aux ménages les plus modestes de voyager.

1.4 Pourquoi une localisation caennaise ?

Caen n’a plus de camping depuis bientôt une décennie. Son absence crée un manque auquel il est temps de répondre. C’est aussi une opportunité pour penser un autre modèle de politique touristique.

Il s’agit ici d’offrir à des campeurs la proximité : – des gares routières et ferroviaires – d’un centre-ville proposant de nombreux « spots » touristiques

De plus cela permettra de créer un point d’équilibre entre les communes de l’agglomération en amont de la Prairie et du développement de nouveaux quartiers autour de la gare et de la presqu’ile.

Au-delà du simple équipement, un camping à Caen permet de compléter l’offre d’hébergement, d’allonger les séjours des touristes par la réduction du coût de la nuitée, de diversifier les publics accueillis dans notre agglomération et bien entendu d’en accroitre le nombre.

2. Un camping écologique comme premier acte d’un projet de tourisme durable.

Un camping classique est un équipement à l’image verte paradoxalement peu respectueux de leur environnement : consommation d’eau très importante, déchets souvent mal gérés, pollution et imperméabilisation des sols, consommation électrique importante, dérangement (bruit, lumière) important pour la faune et la flore, voire une « mobil homisation » de nos paysages …

2.1 Un camping « écologique » : élément de choix des touristes étrangers

Un nouveau camping pour Caen-La-Mer devra respecter les normes les plus modernes mais il y aussi un intérêt évident à aller plus loin. En effet, l’hébergement de plein air « écologique » commence à devenir de plus en plus demandé, notamment par les touristes étrangers, alors qu’il est encore rare dans notre pays. Il répond à un besoin de donner plus de sens à ses vacances. Au delà de la recherche du dépaysement et de l’altérité comme dans tout voyage, les touristes cherchent en effet aujourd’hui de plus en plus à « voyager durable ». Par exemple, un travail peut-être fait pour développer le vélo-tourisme dont le potentiel est dans notre région très important. Traversée par la véloroute Européenne numéro 6, Caen serait une étape logique pour les cyclotouristes. La vallée de la Loire a su exploiter ce type de tourisme doux.

2.2 Le tourisme durable.

Après l’explosion du tourisme dit « vert » dans les années 90 (Gites ruraux, VTT, randonnée correspondant à la quête de nature et la fuite du monde urbain) les années 2000 sont la décennie de ce tourisme durable qui cherche un supplément de sens à ses vacances. Cela coïncide avec la réconciliation entre la nature et la ville en parallèle de la réconciliation entre le tourisme et la ville. Le tourisme durable c’est la liaison entre un impact le plus faible possible sur les milieux naturels, la recherche de bénéfices pour l’accueilli et l’accueillant, l’accessibilité au plus grand nombre et la valorisation des savoirs locaux et de l’économie locale…

Il apparait que le camping situé à proximité du cœur de ville, est un liant parfait entre la quête de nature, la recherche de vacances « sensées » et le retour en grâce de la ville comme lieu récréatif. Un camping durable à Caen serait alors un premier acte posant les bases du tourisme durable dans notre agglomération.

2.3 Reconstruire sur le site de l’ancien camping de Caen

Réutiliser le site de l’ancien camping serait symboliquement porteur de sens. Cette localisation avantageuse cumule de nombreux atouts : cadre naturel très agréable en bordure de l’Orne, proximité du centre-ville, possibilité d’une desserte en commun etc.

Le manque de foncier remarqué dans l’étude du cabinet MLV-Conseil n’est pas un argument suffisant pour écarter cette hypothèse. D’autant que pour créer un camping de proximité, il est indispensable de penser des aménagements spécifiques. Or, le premier grand principe d’un camping écologique est de limiter son empreinte et son emprise sur le milieu.

2.4 Problématique du risque inondation

Sur un terrain inondable comme celui de l’ancien camping municipal de Caen, il serait possible et intéressant d’y installer un camping « réversible » avec le moins de construction possible. Nous pourrions ainsi tirer profit des handicaps pour être originaux dans notre manière de nous adapter aux contraintes.

2.5 Avantages d’un camping « éco-exemplaire »

Au-delà de l’exemplarité de l’agglomération, l’activité du camping serait « boostée » par une conception et des pratiques écologiques. L’Union Européenne les certifie depuis quelques années avec un « éco-label services de camping » délivré seulement cinq fois en France ! Les principaux critères correspondent à d’autres enjeux de l’agglomération : consommation d’énergie et d’eau limitées sur le site, production de déchets réduite et déchets traités de manière appropriée, utilisation des ressources renouvelables et des substances moins dangereuses pour l’environnement, communication et l’éducation à l’environnement promues par le camping etc.

3. Conclusion

En faisant le choix cette localisation et de ce type de camping, Caen-La-Mer serait le premier territoire de la région et l’un des premiers de l’Ouest à proposer ce type d’équipement. Cela va créer un effet de levier en termes de communication dont les retombées profiteront à toute notre agglomération.

Porter ce projet, c’est aussi réaliser notre projet d’agglomération en intégrant la dimension économique (développer le tourisme), sociale (proposer une palette de prix variées dans l’hébergement) et environnementale.

Intégré dans une politique globale d’accueil durable à l’échelle de l’agglomération, le tourisme à Caen serait indéniablement plus dynamique car complet, porteur de valeurs pour les accueillants et les accueillis et un exemple de réalisation de développement soutenable qui permettra une appropriation par les habitants.