Politique de la ville : mobilisons nous contre la baisse historique des financements de l’Etat. Tribune commune dans le Caen Mag de Mars 2011
Tribune commune de la majorité caennaise dans le Caen Mag de mars 2011
Depuis 30 ans, la Politique de la Ville permettait un co-financement Etat/Collectivités locales des projets associatifs menés dans les quartiers les plus défavorisés. Cette politique avait permis de développer, au plus près des habitants, des démarches ambitieuses de prévention, de soutien, de développement de projets culturels, sportifs, d’insertion, d’accès au droit, etc. Grâce à cette politique incitative, les maires avaient pu développer des actions très attendues, en associant largement les habitants à la vie de leur quartier.
– 30 % de crédits de l’Etat, dans un contexte de crise économique et sociale majeure !
Malgré ce bilan très positif, les crédits de l’Etat destinés à la Politique de la Ville diminueront de 12% à l’échelle nationale en 2011, et de 16,8 % dans le Calvados. Cette chute inédite des moyens atteindra même 30 % pour le Contrat urbain de cohésion sociale (CUCS) de Caen la mer qui concerne six communes de notre agglomération (Caen, Hérouville Saint-Clair, Colombelles, Ifs, Fleury-sur-Orne et Saint-Germain la Blanche Herbe). Jamais auparavant de telles coupes budgétaires n’avaient été opérées. Au terme d’un mandat d’immobilisme sur la question des quartiers, malgré les désordres de 2008, et après avoir diminué les crédits destinés à la construction de logements sociaux – les aides à la pierre diminueront de 50% en 5 ans ! – le Gouvernement a décidé d’un mauvais coup supplémentaire pour les populations les plus fragiles. Cette décision est d’autant moins compréhensible qu’elle intervient dans un contexte de crise économique et sociale majeure. Il nous aurait ainsi paru plus pertinent et plus juste de sanctuariser les financements qui permettent de mener, au plus près des habitants, des actions de reconquête de ce qui fait société. Quartiers et associations en danger ! Pour Caen, c’est plus de 300 000 euros que l’Etat ne donnera plus pour les associations qui œuvrent à la Guérinière, à la Grâce de dieu, au Chemin vert, à la Pierre Heuzé, au Calvaire Saint Pierre, à Saint Jean Eudes et à la Folie Couvrechef.
Pour les structures les plus importantes comme les MJC, cela pourra représenter jusqu’à 15% de baisse de leur budget, soit un ou deux postes d’animateur en moins. Pour les plus petites associations, à l’image de Caen Guerinière Sports, de Mieux vivre à la Grâce De Dieu, ou de dizaines d’autres, c’est la pérennité de leur action, voire leur survie qui est en jeu. Au final, toutes les associations qui œuvrent en matière d’insertion, d’éducation, de culture, de santé, de prévention de la délinquance seront lourdement frappées et c’est ainsi toute une dynamique qui risque de s’arrêter.
Les élus de droite refusent de s’opposer à ce désengagement de l’Etat.
A un moment où les ressources des villes diminuent déjà fortement, voilà un bel exemple de ce que l’on appelle le désengagement de l’Etat. La Communauté d’agglomération Caen la mer et les communes de l’agglomération caennaise ne pourront compenser de telles sommes, alors que l’Etat se désengage dans le même temps d’autres politiques et que leurs budgets sont devenus extrêmement contraints ces dernières années. Tous les secteurs sont touchés et la période est grave et grosse de conséquences pour tous. Le démantèlement systématique de tous les soutiens aux plus fragiles d’entre nous détricote jour après jour ce qui faisait société.
C’est pourquoi les élus des communes de Caen, Hérouville-Saint-Clair, Colombelles, Ifs, Fleury-sur-Orne et Saint-Germain la Blanche Herbe, accompagnés de plus de 60 associations bénéficiaires de la Politique de la Ville, se sont rassemblées jeudi 10 février pour dénoncer cette coupe budgétaire. Ils ont demandé au Préfet du Calvados d’intervenir auprès du Gouvernement pour qu’il revienne sur sa décision. Dans une lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Ville, ils ont demandé que la décision du gouvernement soit revue.
Le 14 février, les élus du Conseil municipal ont également voté un vœu pour demander qu’une enveloppe supplémentaire à même de satisfaire les besoins légitimes des associations des quartiers soit déloquée au plus vite. Les élus de la minorité municipale n’ont pas souhaité s’associer à cette démarche en votant ce vœu… chacun jugera !