Oui, la Ville de Caen peut participer à la lutte contre les paradis fiscaux !
Depuis quatre ans, nous vivons au rythme d’une crise d’une ampleur et d’une intensité rarement égalées dans l’Histoire récente. Notre système financier, mis en place par les vagues libérales des dernières décennies, est aujourd’hui totalement discrédité ; tout ceci aboutissant à de graves tensions sur la dette des États. Pétrifiés, les gouvernements imposent désormais des plans de rigueur sacrifiant systèmes sociaux, pouvoir d’achat, politiques environnementales et politiques de l’emploi. Or, certains territoires pratiquent en- core aujourd’hui des concurrences fiscales dé- loyales et refusent toute coopération. Environ 55% du commerce international et 35% des flux financiers transiteraient chaque année par ces paradis fiscaux qui concentreraient 10 000 milliards de dollars d’actifs gérés. Ils bénéficieraient par ailleurs d’un tiers des in- vestissements directs à l’étranger sans contre- partie pour les populations locales.
En France, on estime que la fuite vers les paradis fiscaux provoque chaque année un manque à gagner de 20 à 30 milliards d’euros. En comparaison, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux génère une économie de 800 millions d’euros. Rien ne saurait être plus cynique quand on sait qu’une telle poli- tique affaiblit notre système éducatif, aggrave le chômage des jeunes et menace encore plus notre système de retraites.
La situation a pourtant peu évolué. Des accords bilatéraux de coopération fiscale ont été signés, la France a introduit dans sa Loi la notion d’États ou de territoires non coopératifs mais aucune sanction réelle n’est appliquée aux banques qui ont des activités dans ces territoires. Autant dire que les habitudes ne vont changer qu’à la marge et par seul souci publicitaire. Le gouvernement rechignant à agir vraiment, nous devons prendre nos responsabilités car les élus locaux ne sont pas sans pouvoir d’action. En effet, deux tiers des investissements publics sont assumés par les collectivités locales et l’ensemble des
commandes publiques représente 15% du PIB. Les collectivités locales peuvent ainsi contribuer à l’instauration de règles de transparence et d’éthique dans les relations financières avec les établissements bancaires. C’est pourquoi nous avons proposé à la majorité caennaise que la ville cesse de travailler avec les banques ayant des actifs et des activités dans ces paradis fiscaux. Un groupe de travail devrait rendre ses conclusions prochainement. Votée, une telle décision prouvera que face à une crise globale, il est possible, et utile, d’agir localement.