Discours de Rudy L’Orphelin à l’ouverture du Congrès Fédéral d’Europe Ecolgoie Les Verts – samedi 30 novembre à Caen
Bonjour à tous, bonjour à toutes,
Cher-es ami-es,
Je voudrais commencer par vous dire quelques mots d’une personnalité importante pour les écologistes, ici en Basse-Normandie, et je crois bien plus largement. Quelques mots à propos de quelqu’un qui est mon ami, et qui a vécu cette semaine un événement douloureux, et un événement qui doit nous parler, je crois, à toutes et à tous.
Beaucoup d’entre vous sans doute connaissent Gilles-Eric Séralini, chercheur à l’Université de Caen et infatigable animateur du CRII-GEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique. Pour ses livres, ses articles dans la presse et ses interventions dans le débat public. Pour les multiples conférences, débats, réunions auxquelles il a, toutes ces dernières années, participé, dans toutes les régions de France sans doute.
Vous vous souvenez aussi sans doute de cette étude publiée il y a un peu plus d’un an par Gilles-Eric. Elle avait alors fait beaucoup de bruit, la presse ayant largement relayé ses conclusions, qui alertaient sur la toxicité du maïs OGM Monsanto sur les rats. Malformations, tumeurs, troubles hépatiques : l’étude était largement documentée, solide, détaillée. Et c’est pour cette raison qu’une revue scientifique de référence, Food and Chemical Toxicology, l’avait publiée, soutenue et défendue.
Un peu plus d’un an plus tard, cette semaine, la même revue a annoncé que l’étude était « dépubliée ». Retirée. Elle n’existe plus. Que s’est-il passé ? On l’a vu, lu, entendu : des attaques, des pressions, l’intimidation, la diffamation et le mensonge. Les faits établis par Gilles-Eric Séralini constituent manifestement, là aussi, une vérité qui dérange. Et parce que cette vérité dérange, on cherche à la taire. A le faire taire.
Je sais qu’à cet instant, évidemment, et c’est normal, nous sommes tous et toutes concentré-e-s sur la vie interne de notre mouvement. Mais je voudrais que nous n’oublions pas, surtout pas, là d’où nous venons. Ce qui nous constitue. Pourquoi nous nous battons. Je voudrais, à l’ouverture de notre congrès, que nous ayons un geste, un mot, pour celles et ceux qui lancent l’alerte, qui font de leur vie un devoir d’informer, d’expliquer, de dire et de contredire, celles et ceux qui ne soumettent pas l’évidence de l’intérêt général à la force des intérêts particuliers.
Je voudrais que nous les remercions, que nous les applaudissions.
Je veux dire à Gilles-Eric : tiens bon, nous sommes avec toi !
A Gilles-Eric Séralini, et à d’autres aussi, ici. A François Dufour, qui est dans cette salle. A François Veillerette, dont le combat contre les pesticides est d’abord un combat pour la santé et l’environnement. A Didier Anger, et à tous les militants antinucléaires, qui n’ont jamais baissé les bras, dans un territoire où l’industrie atomique a pris une telle part. A celles et ceux, et ils sont nombreux aussi dans notre région, qui se sont battus et se battent encore avec détermination et dignité contre l’amiante, qui a déjà abrégé tant de vies. Et je pense à tant d’autres encore.
Nous avons beaucoup débattu, ces dernières semaines, du fait de savoir quels chemins, quelles voies, quels caps nous voulons pour l’écologie politique. Je n’ai pas de réponse toute faite à cette question, mais ce que je sais, et que je crois nous partageons tous et toutes, c’est que là où est l’écologie, là où naît l’écologie, c’est dans ces combats, et même si nous sommes réunis en congrès, nous n’oublions pas que c’est pour cela, pour ce que nous refusons et pour ce que nous proposons, que nous nous battons d’abord.
Ensemble, et pas entre nous.
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Tout à l’heure, avec d’autres candidats têtes de listes écologistes aux élections municipales, nous présenterons à la presse notre projet, nos projets, les projets des écologistes pour la ville.
J’ai lu ce matin dans un journal que si nous nous présentons aux élections municipales, si nous présentons des listes écologistes au premier tour, c’est pour affaiblir nos principaux partenaires qui se seraient pourtant montrés, d’après le même article, fort généreux avec nous.
Alors je veux dire ici, très clairement, que non, les écologistes ne veulent pas affaiblir les majorités auxquelles ils participent ;
Non, les écologistes ne se présentent pas aux élections pour se distinguer ;
Ce que veulent les écologistes, c’est tout simplement donner aux citoyennes et citoyens la possibilité de choisir.
Je suis très fier de ce que nous avons fait, ici dans cette ville, au cours des six dernières années.
Oui, dans ce mandat, nous avons commencé à emprunter les chemins de la transition et dans de nombreux domaines : Démocratie locale, Politique zéro pesticide, plan de développement de l’Economie Sociale et Solidaire, Innovation culturelle, développement des transports publics, politique santé-environnement, bataille pour la réhabilitation du parc social…
Avec la plus grande maison du vélo de France, Caen serait même devenue selon un média local le royaume du vélo !
Je veux saluer mes ami-e-s au Conseil municipal Samia Chehab, Annie Berger, Françis Joly, Pascale Cauchy, Colette Gissot, Jean-Luc Véret qui portent avec conviction et détermination ces politiques.
Mais nous pouvons, nous devons faire mieux, nous devons voir plus grand. Et nous le savons, nous ne le ferons pas seuls. Nous ne souhaitons pas le faire seuls.
Car ce qui se passe ici à Caen comme dans l’ensemble de la société, ce à quoi on assiste à l’heure des crises, c’est à fourmillement d’initiatives : habitat participatif, monnaies solidaires, jardins partagés, service associatif de covoiturage et d’autopartage, hébergement intergénérationnel etc.
Ce fourmillement, c’est le socle sur lequel nous devons nous appuyer pour construire des passerelles avec toutes celles et tous ceux qui alertent, innovent, inventent, défrichent, nous aident à imaginer de nouveaux chemins.
Dans l’aventure qui s’engage ici à Caen avec les militants EELV, nous avons lancé un appel auprès de la société civile et nous travaillons avec tous ces défricheurs, au-delà du périmètre de notre seul mouvement, à bâtir un projet pour cette ville au travers de réunions participatives que nous multiplions.
Nous le voyons bien, il n’y a pas de solutions toutes faites, pas de politiques prêtes à l’emploi. Il n’y a que des solutions à imaginer et à expérimenter ensemble.
Dans cette période marquée par le désaveu, le désamour, la méfiance et à la défiance à l’égard de l’ensemble de la classe politique et devant l’ampleur des défis qui nous attendent. Je le redis ici, Oui décidément, nous avons le devoir d’essayer !
Je vous remercie.